Prolongation anormale de l’intervalle Q-T. Le syndrome du long QT acquis est opposé au syndrome du long QT congénital, mais il existe des prédispositions génétiques à développer un long QT acquis. La distinction repose sur la réversibilité du QT long après disparition de sa cause (en général causes multiples).
Le diagnostic de "QT long" est évoqué devant un QT mesuré ≥ 10% du QT théorique (indexé sur la fréquence cardiaque réelle) et confirmé par la mesure de l’intervalle Q-Tc (indexé sur une fréquence cardiaque fixe de 60/mn) > 450 ms (homme) ou 470 ms (femme).
Rappelons que la mesure du QT est délicate et souvent erronée [1,2,3].
Comment mesurer le QT ? video P.Taboulet
Comment interpréter un intervalle QT ?
Les risques rythmologiques sont les torsades de pointe et la fibrillation ventriculaire. Ils sont majorés par une bradycardie et une hypokaliémie. Le traitement préventif/curatif repose sur un monitoring hospitalier [Drew], un traitement antiarythmique préventif par magnésium, une correction de la kaliémie et l'arrêt des substances qui prolongent le QT.
Etiologies :
- médicaments : antiarythmiques de classe Ia (ex. quinidiniques) ou III (ex. amiodarone, sotalol), certains psychotropes (ex. phénothiazines, benzamides), certains anti-infectieux dont l’érythromycine, les quinolones, la spiramycine, le triméthoprime, l’amphotéricine B, les antipaludéens (chloroquine…), la prise de cocaïne au long cours et de très nombreux autres médicaments (anti-histaminiques, vasodilatateurs, méthadone…)[4]
- électrolytes : hypokaliémie, hypocalcémie
- causes diverses : un bloc AV du 3ème degré,une insuffisance coronaire, une hypothermie, une hémorragie sous-arachnoïdienne, une hypothyroïdie, un Takotsubo...
- anomalies congénitales : on parle dans ce cas du syndrome du QT long congénital. Rappelons que dans ce cadre le QT est fluctuant et peut être normal lors d’un enregistrement au repos. Des valeurs comprises entre 430–450 ms chez l’homme entre et 450–470 ms chez la femme doivent être considérées comme « borderline » [Goldenberg 2008, Priori 2013].
La prescription de médicaments allongeant le QT doit être prudente chez les patients âgés, avec une altération de la fonction rénale et une bradycardie (www.qtdrugs.org). Elle doit être interrompu si le QTc est > 500 ms; Elle est proscrite en cas de QT long congénital.
De même, il est recommandé de pratiquer un ECG au 4-7ème jour pour une mesure de QT chez les patients recevant certains antiarythmiques (en particulier ceux de la classe I ou le sotalol), un psychotrope à forte dose ou deux susbtances connues pour leur action sur le QT. Cette mesure doit être effectuée lors du pic plasmatique approximatif.
Lors de traitement non essentiel, une augmentation du QTc de plus de 30 ms ou une valeur du QTc supérieure à 470 msec justifie l’arrêt d’un traitement. Si le traitement paraît essentiel, sans alternative, bien toléré et sans arythmie sur un ECG des 24 heures, un QTc ≤ 500 ms est tolérable [5]. En cas de QTc > 500 ms ou torsades de pointes, le traitement doit être réduit ou interrompu.
Goldenberg I, Moss AJ. Long QT syndrome. J Am Coll Cardiol. 2008; 51(24):2291-300. Review. (téléchargeable)
[3] Viskin S et al. Inaccurate electrocardiographic interpretation of long QT: the majority of physicians cannot recognize a long QT when they see one. Heart Rhythm. 2005;2:569 –574