ECG : sportif normal

La lecture de l’ECG chez un sportif  a pour but de reconnaître :

  • les modifications physiologiques secondaires à l’entraînement de haut niveau (ex. sport > 8 h/semaine).
  • les particularités des ECG juvéniles (< 16 ans), de l’homme jeune et/ou d’origine africaine. Voir : Variantes ECG normal
  • les anomalies qui peuvent préexister (ou apparaître) et conduire à une mort subite [3]. Voir : ECG sportif pathologique

Modifications physiologiques

Des modifications physiologiques s’observent chez la moitié des sportifs et leur prévalence varie selon l’âge, le sexe, le type de sport, le niveau d’entraînement et les critères électriques retenus (Sharma S, ESC 2018) [5]. La lecture doit donc être assurée par un professionnel averti [1][5][8].

Une hypertonie vagale

  • Une bradycardie sinusale < 50/min associée à une arythmie respiratoire prononcée est souvent la seule particularité. Elle témoigne d’un tonus parasympathique accru et peut s’accompagner d’un remodelage sinusal avec, à long terme, une maladie du sinus [1]. Des pauses sinusales < 3 secondes sont habituelles, en particulier la nuit. Des bradycardies majeures (< 40/min) sont relativement rares. On peut parfois observer temporairement un rythme ectopique atrial bas (cf. Rythme du sinus coronaire) ou un rythme d’échappement, le plus souvent jonctionnel (cf. Wandering pacemaker). Après un test maximal d’effort classique, la récupération est considérée comme normale si la baisse de la FC est supérieure à 12 battements par minute au terme de la première minute. Une baisse inférieure à 25 battements à la 3e minute est un facteur de risque de surmortalité [2].

Un hypervoltage

  • Des complexes QRS amples (« hypervoltés ») en précordiales sont fréquents et il n’est pas rare chez l’homme qu’un indice d’hypertrophie ventriculaire gauche ou droit soit positif (cf. Variantes ECG de la normale). Rappelons que l’indice de Sokolow-Lyon de l’HVG n’est positif qu’à partir de 45 mm chez l’homme jeune. Chez le sportif, les indices de Cornell ou de Perugia (ou Romhilt-Estes) sont plus adaptés pour exclure une HVG [9].
  • Un indice QRS d’hypertrophie ventriculaire droite (RV1 ≥ 6 mm) est fréquent, généralement bénin isolément. L’indice de Sokolow-Lyon pour une HVD (RV1 + SV5-6 > 10,5 mm) n’est ni sensible ni spécifique et ne doit pas être utilisé seul comme élément de contrindication de la pratique sportive [18]. Un axe droit améliore nettement la reconnaissance d’une authentique HVD.
  • Une hypertrophie atriale gauche ou hypertrophie atriale droite est bénigne isolément [6].

Des troubles de conduction bénins (isolément)

  • Déviation axiale gauche (ou bloc fasciculaire antérieur gauche) ou déviation axiale droite
  • Bloc de branche droit incomplet (et surtout les pseudo blocs incomplets droits)
  • Bloc de branche droit complet isolé (il faut rechercher une cardiomyopathie arythmogène si ≥ 2 anomalies ECG borderline ou patient symptomatique) [5].
  • BAV du 1er degré (jusqu’à 400 ms), voire un BAV du 2e degré Wenckebach intermittent sont possibles chez le sportif [5][6]. Ils sont habituellement régressifs à l’effort [4].

 

Une excitabilité anormale, mais rare, est acceptable

  • Une ESV ou ESA par tracé ECG de 10 sec est acceptable (2 ESV par tracé est considéré anormal et justifie des explorations) [5]
  • La visibilité d’une seule extrasystole ventriculaire par ECG est acceptable
  • Certaines ESV sur cœur prouvé sain (cf. ESV infundibulaire) [4]

Des variantes de repolarisation ventriculaire

Des variantes de repolarisation ventriculaire sont fréquentes, en particulier chez les athlètes avant 16 ans ou chez l’homme d’origine afro-caribéenne. Elles sont généralement bénignes quand les anomalies sont mineures et disparaissent à l’effort ou après l’arrêt de l’entraînement (cf. Variantes de repolarisation ventriculaire).

  • Des ondes T inversées de V1 à V3(V4) sont fréquentes chez un athlète jeune (” Juvenile T-wave pattern” cf. Repolarisation juvénile). En revanche, des ondes T inversées en V2-V3 après l’adolescence (ex. > 16 ans [5]) ou dans les précordiales autres que V1, DIII, VR justifient un suivi cardiologique avec imagerie (cf. ECG sportif pathologique). Ci-dessous 2 ECG normaux.
  • Une repolarisation précoce (avec onde J), le plus souvent dans les dérivations latérales ou inférieures, est fréquente en particulier chez le sportif d’origine africaine (cf. Repolarisation précoce).
  • Un sus-décalage de ST en dôme associé à une onde T diphasique à convexité proximale en V1-V4 est assez caractéristique du grand sportif d’origine africaine (« black athlete repolarization variant » voir ECG figure 5 dans [5]), mais la bénignité est un diagnostic d’élimination (cf.  Inversion bénigne de l’onde T) [10][11].
  • Un intervalle QTc < 470 ms chez l’homme ou < 480 ms chez la femme est acceptable en l’absence d’antécédent familial de mort subite. La technique de mesure peut être complexe (choix de la dérivation, formule de correction du QT selon la fréquence cardiaque: Cf Intervalle QTc). Les auteurs du consensus de 2018 la décrive minutieusement [5].

 

Modifications pathologiques

Lire chapitre suivant –> ECG : sportif pathologique

Lire article de F. Schnell. ECG du sportif: distinguer le normal du pathologique La Presse Médicale. Volume 48, Issue 12, December 2019, Pages 1393-1400 (nombreux ECG normaux et pathologiques on ligne)

MORT SUBITE (video YouTube) : notez la survenue lors de la phase qui suit un effort intense.

 

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