Bloc interatrial

Anomalie de conduction entre les deux oreillettes.

Synonyme : bloc intra-atrial (BIA)

Ce bloc est mal connu et attribué souvent à tort à une hypertrophie/dilatation atriale gauche. Il s’en distingue par son caractère parfois transitoire d’un complexe à l’autre (aberration atriale) et son caractère diphasique [+/-] en dérivations inférieures, en particulier en DII dans les cas les plus sévères (ainsi qu’en électrophysiologie intracardiaque et en vectocardiographie) [1][4].

Il précède ou accompagne généralement des blocs de conduction sino-atriale (BSA) ou intranodale (BAV). De plus, il constitue un substrat arythmogène pour un mécanisme de réentrée intra-atriale à l’origine de tachycardies atriales [1][2][3][5]. Leur relation avec la fibrillation atriale et un risque accru de mortalité globale et cardiovasculaire ont été démontrés (Réf. [1]).

Classification Bayés de Luna A, 2012 [1]

La durée de l’onde P sinusale mesure au moins 120 ms.

  • BIA du premier degré (bloc partiel). L’onde P est bimodale et présente en dérivations inférieures une encoche avec deux pics séparés de plus de 40 ms et en dérivation V1 une forte négativité terminale plus importante qu’en cas d’hypertrophie atriale gauche. Le caractère transitoire de cette anomalie ou le passage à un BIA de degré supérieur aident au diagnostic en l’absence d’outil diagnostique plus sophistiqué que l’ECG. Ces BIA sont très fréquents chez le sujet âgé en absence d’hypertrophie atriale gauche ;
  • BIA du second degré (bloc partiel). « La morphologie de l’onde P change dans le même enregistrement d’un aspect normal à un bloc interatrial du 1er degré vers un bloc du 3e degré ou vice versa, avec ou sans relation avec les battements prématurés précédents ».

  • BIA du troisième degré (bloc complet). L’onde P présente un aspect bimodal +/+ en DI-VL et diphasique +/- en dérivation DII. Ces BIA sont moins fréquents, mais sont des marqueurs forts d’hypertrophie atriale gauche et exposent à des tachycardies atriales paroxystiques. Il se distingue du bloc du second degré par son caractère transitoire (aberration atriale) et son caractère diphasique [±] en dérivations inférieures.

Par ailleurs, l’hypertrophie atriale gauche est vraisemblable si l’onde P en V1 présente une négativité terminale d’un moins 1 mm pendant au moins 40 ms (1 mm), sous réserve de la bonne position des électrodes (cf. électrodes V1V2 trop hautes).

Classification Bayés de Luna A, 2018 [4]

Plus précise et mieux corrélée avec le risque de FA.

1. IAB typique : Durée prolongée de l’onde P (> 120 ms) avec une onde P biphasique dans les dérivations inférieures (II, III et aVF)

2. IAB atypique : Durée prolongée de l’onde P (> 120 ms);

  • Type I : morphologie biphasique en III–aVF avec une composante finale isoélectrique en DII
  • Type II : morphologie biphasique en III–aVF, triphasique en DII
  • Type III : morphologie biphasique en II, négatif avec 1er composant isoélectrique en dérivations III et aVF
  • Type IV : morphologie triphasique dans toutes les dérivations inférieures (P +/+/ ou P +/ /+), représentant 3 séquences de dépolarisation atriale droite, dépolarisation atriale gauche retardée dans le faisceau de Bachmann, et la dépolarisation septale interatriale.

Vidéo YouTube. Les blocs de conduction supraventriculaires. P. Taboulet (24 min)

Diagnostic différentiel

  • Rythme jonctionnel. En particulier dans le cas où l’aspect initial positif de l’onde P en DII est peu visible en raison d’une fibrose atriale.

Étiologies

  • Dégénérescence fibreuse du myocarde atrial et cardiomyopathie atriale
  • Amiodarone et autres toxiques ou hyperkaliémie

 

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