La chloroquine (amino-4-quinoléine) est un antipaludéen de structure chimique proche des quinidiniques (cf. Antiarythmique). Les effets « quinidine-like » expliquent l’effet stabilisant de membrane visible sur l’ECG.
A dose thérapeutique
On peut observer au long cours un aplatissement de l’onde T et/ou un allongement de l’intervalle QT [1]. Néanmoins, la prolongation de l’intervalle QT peut entrainer une arythmie ventriculaire, en particulier si le QT préthérapeutique est long [3], en cas de prise concomitante d’azithromycine [4] ou en cas d’ECG de type Brugada.
A dose toxique (≥ 2 g)
On observe en quelques heures sur l’ECG l’effet stabilisant de membrane [2][6]
- un aplatissement de l’onde T et un intervalle QT long
- un élargissement des QRS dose-dépendant, modéré au début (100-120 ms), parfois monstrueux en quelques heures (≥ 200 ms). La durée des complexes QRS doit être mesurée en dérivations précordiales. Une onde R’ en dérivation VR > 3 mm est un signe d’intoxication commun à tous les stabilisants de membrane (Cf. ECG en situation toxique). Les QRS larges s’accompagnent en règle d’un choc cardiogénique avec acidose lactique et hypokaliémie. Des convulsions sont possibles et peuvent aggraver le tableau hémodynamique.
- le rythme reste en général supraventriculaire avec un allongement possible de l’onde P et parfois un bloc AV du 1er degré, mais les QRS larges rendent souvent impossible la détection de l’activité atriale et une tachycardie à QRS larges (généralement < 120/min) peut être prise à tort pour une TV.
- des ESV polymorphes ou une TV sont possibles mais rares.
- Une fibrillation ventriculaire peut survenir quelques heures après l’intoxication et doit être anticipée par une conduite thérapeutique “agressive” [2][6].
Prise en charge
Des complexes QRS larges, une tension artérielle < 100/mm Hg et/ou une dose supposée ingérée ≥ 4 g sont les trois paramètres qui permettent de classer l’intoxication en catégorie grave devant orienter vers une prise en charge spécifique [2] Clemessy JL, Taboulet P, Hoffman JR, et al. Treatment of acute chloroquine poisoning: a 5-year experience. Crit Care Med. 1996; 24(7):1189–1195.
Un avis spécialisé est recommandé pour la prise en charge de cette intoxication qui peut rapidement “mal tourner” et nécessite des moyens thérapeutiques parfois très complexes (ex. assistance circulatoire).