Activité électrique prématurée qui nait en dehors du système normal d’activation électrique du cœur (activité « ectopique »). Le mécanisme initial à l’origine de cette arythmie est un automatisme anormal, plus rarement une réentrée.
Synonyme : dépolarisation prématurée (CIM 10).
Une extrasystole peut naître :
- dans le myocarde atriale (cf. Extrasystoles atriales)
- dans le myocarde ventriculaire (cf. Extrasystoles ventriculaires)
- plus rarement à la jonction AV (cf. Extrasystoles jonctionnelles)
- ou exceptionnellement dans les branches du faisceau de His (cf. Extrasystoles fasciculaires).
La prématurité du battement ou une plus grande vigueur du battement qui lui succède explique(nt) la sensation de palpitation ressentie parfois par le patient.
Une extrasystole peut favoriser le déclenchement d’un épisode de tachycardie (ex. TSV par réentrée, TV par phénomène R/T, torsades de pointe…).
Diagnostic ECG
- Une extrasystole se manifeste généralement sur l’ECG par un « complexe prématuré ». Ce complexe décale habituellement le rythme de base et donne lieu à un repos compensateur (ou pause post-extrasystolique) tel que la somme des intervalles pré- et post-extrasystolique qui sépare les complexes normaux de l’extrasystole soit légèrement inférieure ou égale au double de l’intervalle normal.
- Elles peuvent être isolées, groupées en doublets, triplets ou en salves (> 3). Elles peuvent se répéter régulièrement (« répétitives », cf. Bigéminisme) ou être indépendantes du rythme de base (cf. Parasystolie).
Astuces et pièges
- L’influx d’une extrasystole atriale trop précoce après un QRS peut ne pas gagner les ventricules s’il rencontre le noeud AV ou les ventricules encore en période réfractaire (ex. extrasystole atriale bloquée).
- L’influx d’une extrasystole ventriculaire peut ne pas décaler le rythme de base, s’il est trop précoce après une onde P et ne peut gagner par voie rétrograde le noeud AV ou les ventricules encore en période réfractaire (extrasystole ventriculaire « interpolée » ou « non décalante »).
- L’influx d’une extrasystole jonctionnelle peut ne donner lieu à aucune déflexion visible sur l’ECG (cf. extrasystole jonctionnelle, conduction cachée).
- Une extrasystole peut entraîner des modifications post-extrasystoliques ± brèves du rythme de base liées aux modifications qu’elles entraînent dans la conduction intranodale ou intraventriculaire (ex. pseudo-bloc ou aberration ventriculaire) ou des anomalies de la repolarisation (cf. effet Chatterjee).
- Quand les extrasystoles n’ont pas de relation précise avec le complexe de base, mais que l’intervalle entre 2 extrasystoles est identique, le mécanisme de l’extrasystolie est un automatisme anormal. Quand le couplage des extrasystoles avec le complexe de base est fixe, le mécanisme de l’extrasystolie est une réentrée [1].
Étiologies
Les facteurs déclenchants (triggers) sont nombreux, parfois intriqués et généralement idiopathiques sur cœur sain (cf. Triangle de Coumel). Les extrasystoles atriales idiopathiques, en l’absence de cardiopathie structurelle, proviennent fréquemment des veines pulmonaires [1].
L’enquête cherchera à préciser la gêne fonctionnelle (palpitations ?), un facteur déclenchant (ex. ischémie coronaire, hypokaliémie, décompensation cardiaque ou respiratoire, caféine ou drogues, intoxication…), une cardiopathie structurelle (auscultation, imagerie cardiaque) et/ou un potentiel évolutif d’arythmie (cf. Hyperexcitabilité atriale, fibrillation atriale, Extrasystoles ventriculaires malignes, Phénomène R sur T, Tachycardie ventriculaire…), éventuellement la fréquence journalière (cf. Holter).
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