Surcharge ventriculaire gauche

Anomalies secondaires de la repolarisation en rapport avec un « excès de charge » chronique, volumétrique ou barométrique, du ventricule gauche (AHA 2009 [1]).

Physiopathologie

Ces anomalies témoignent d’un remodelage électrique du ventricule. Il s’observe en général en cas d’augmentation du volume télédiastolique par résistance à l’éjection avec augmentation de l’épaisseur du myocarde (hypertrophie concentrique) ou dilatation ventriculaire (hypertrophie excentrique) ou tout simplement de vieillissement du cœur.

L’environnement électrophysiologique du myocarde sous-endocardique proche de l’endocarde est modifié avec notamment des potentiels d’action prolongés comparés à ceux des myocytes du myocarde sous-épicardique (épicarde). La différence de potentiel entre ces deux couches est responsable des modifications de repolarisation ventriculaire.

L’ECG

La déformation de la repolarisation est caractéristique (« strain pattern »).

  • Le sous-décalage de ST est descendant, légèrement convexe en haut en dérivations où l’onde R est proéminente [surtout V5-V6(V4) et DI-VL(DII)]. L’abaissement du point J atteint souvent 1 mm, mais peut atteindre 4 mm en cas de cardiomyopathie hypertrophique.
  • Il est suivi, par une onde T inversée soit exclusivement négative, soit négative mais diphasique et qui se redresse rapidement dans sa partie terminale pour retourner à la ligne de base (« overshoot ») [1]. Son amplitude est modérée, mais peut atteindre 20 mm au cours d’une cardiomyopathie hypertrophique.
  • L’intervalle QT est normal.

L’aspect de la repolarisation évoque, selon moi, un canard ou un cygne vu de profil dont on voit le dos, le cou, la tête et le bec orientés vers le QRS suivant.

Le strain pattern augmente la sensibilité et spécificité de l’ECG pour le diagnostic d’HVG. Il peut s’observer aussi avec des complexes QRS d’amplitude normale [1][2]. Sa présence est un signe de sévérité en particulier au cours de l’HTA ou d’une valvulopathie aortique [1][3][4][5].

NB. Les signes de surcharge ventriculaire droite sont similaires et s’observent en regard des dérivations droites (surtout V1V3) en cas d’hypertrophie ventriculaire droite (ex. Cardiopathie congénital type Fallot), pathologie pulmonaire chronique ou aiguë (Cf. Embolie pulmonaire, hypertension artérielle pulmonaire) [3-7].

 

Lire. P. Taboulet. 100 autour de l’infarctus.  S-édition (2020);

Vidéo YouTube : P. Taboulet


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